Parler de ses règles à ses enfants : éduquer au cycle menstruel dès le plus jeune âge

Tu es maman ? Voici une astuce qui pourrait te changer la vie : parle à tes enfants de tes menstruations. Oui, chaque mois. Oui, même s'ils sont petits. Oui, même si ça te semble gênant au début.

Je sais, dit comme ça, ça peut paraître étrange. Mais laisse-moi te raconter comment cette simple habitude a transformé mon propre quotidien de maman — et comment elle est en train de façonner des enfants plus à l'écoute, plus empathiques, et surtout, libérés des tabous toxiques autour du corps féminin.

Quand tout a commencé : les lochies et la curiosité naturelle

Après la naissance de mon fils, ma fille avait 2 ans. Comme beaucoup d'enfants de cet âge, elle me suivait partout - y compris aux toilettes. (Entre parenthèses : à partir de quel âge arrive-t-on vraiment à aller aux toilettes seule durablement ? 😅)

C'est là qu'elle a découvert les lochies, ces saignements post-partum qui durent plusieurs semaines après l'accouchement. Elle était intriguée. Elle voyait du sang régulièrement et avait besoin de comprendre ce qui se passait.

Je ne me suis pas défilée. Je lui ai expliqué simplement : "Tu vois, après avoir porté ton petit frère dans mon ventre, mon corps se remet en place. C'est normal qu'il y ait du sang. Ce n'est pas grave, ça ne me fait pas mal."

Elle a écouté, observé, posé des questions. Et elle a intégré cette information comme quelque chose de naturel.

Un an et demi plus tard : le retour de couches

Quand mon retour de couches est arrivé, ma fille avait 3 ans et demi. Un matin, aux toilettes (encore et toujours !), elle m'a regardée et m'a demandé : "Maman, ton sang coule de nouveau comme quand E. est né ?"

Elle s'en souvenait.

J'ai été touchée par sa mémoire, mais surtout par sa curiosité sincère. Alors je lui ai expliqué ce qu'étaient les menstruations. Pas avec des mots compliqués, mais avec la vérité :

"Non, ce n'est pas tout à fait pareil. Maintenant, chaque mois, mon corps se prépare à peut-être accueillir un bébé. S'il n'y a pas de bébé, il se nettoie, et c'est pour ça qu'il y a du sang. C'est normal, toutes les femmes vivent ça."

Puis je lui ai parlé de ce que je ressentais pendant mes lunes : le manque d'énergie, parfois l'irritabilité, les douleurs, le besoin de me reposer, de m'isoler un peu dans ma "grotte".

Et depuis ce jour, presque chaque mois, on en reparle.

Parler de ses règles à ses enfants, une super astuce de maman

Le jour où j'ai compris que ça changeait tout

Il y a quelques jours, j'étais en voyage solo avec mes deux enfants. Deuxième semaine. La fatigue commençait vraiment à se faire sentir. Et bien sûr, mes règles sont arrivées.

J'ai d'abord paniqué. Comment gérer ça, H24 avec les enfants, sans pause, sans relais ?

Puis je me suis souvenue : ils savent. Ils peuvent comprendre.

Alors je les ai "convoqués" tous les deux (elle a 4 ans et demi maintenant, lui 2 ans). Je leur ai demandé : "Vous vous souvenez de ce que c'est, mes menstruations ? Et comment je me sens pendant cette période ?"

Ma fille connaissait le sujet par cœur. Mon fils, lui, n'a pas vraiment réagi — à 2 ans, c'est encore abstrait.

Puis je leur ai posé la question la plus importante : "Qu'est-ce que vous pouvez faire pour me soutenir aujourd'hui, pour que la journée ne soit pas trop intense pour moi ?"

Et là, ma fille m'a répondu, avec sa petite voix de 4 ans : "Je peux essayer de jouer un peu plus toute seule et te laisser tranquille ?"

J'ai eu envie de pleurer. Tellement c'était beau. Tellement c'était inattendu.

Bien sûr, elle n'a pas réussi à tenir toute la journée. Bien sûr, mon fils ne comprenait pas encore grand-chose. Mais ce n'est pas grave. L'important, c'est qu'ils apprennent. Qu'ils développent cette capacité d'écoute et de soutien.

J'élève un futur homme capable d'accompagner les femmes

En écrivant ces lignes, je réalise quelque chose de puissant : je suis en train d'élever un garçon qui sera capable d'être à l'écoute des femmes dans leur cycle. Qui ne sera pas gêné par les menstruations. Qui comprendra qu'une femme peut avoir besoin de repos, de douceur, de soutien à certains moments du mois.

Et ça, je trouve ça magnifique.

Parce que combien d'hommes adultes aujourd'hui sont mal à l'aise face aux règles ? Combien détournent le regard, changent de sujet, ou pire, considèrent que c'est "sale" ou "tabou" ?

Si on veut que les choses changent, ça commence maintenant. Avec nos enfants.

Pourquoi c'est si important de parler de menstruations à nos enfants ?

1. On brise le tabou du sang et des odeurs

Tu te souviens des publicités pour les protections hygiéniques ? Ce liquide bleu, ces messages subliminaux qui nous disent que notre sang est dégoûtant, que nos odeurs doivent être masquées à tout prix.

En parlant ouvertement de nos règles à nos enfants, on casse cette transmission toxique. On leur apprend que le sang menstruel est naturel, que le corps féminin n'a pas à être caché ou aseptisé.

2. On leur apprend l'empathie et le soutien

Quand mes enfants savent que je suis dans une période où j'ai moins d'énergie, ils apprennent à adapter leur comportement. Pas parfaitement, bien sûr - ce sont des enfants. Mais ils développent cette conscience de l'autre, cette capacité à se demander : "De quoi maman a-t-elle besoin aujourd'hui ?"

C'est une leçon de vie inestimable.

3. On construit une culture familiale du respect du corps

En nommant ce qui se passe dans ton corps, tu transmets un message essentiel : on a le droit de parler de ce qu'on ressent. On a le droit d'avoir des besoins. Et c'est normal de demander du soutien.

Imagine l'impact à long terme. Tes enfants grandiront en sachant qu'écouter son corps, c'est légitime. Qu'exprimer ses limites, c'est sain. Qu'être présent pour quelqu'un, ce n'est pas seulement dans les grands moments, mais aussi dans le quotidien cyclique de la vie.

4. Tu prépares tes filles à vivre leurs propres règles sereinement

Si tu as une fille, lui parler de tes menstruations, c'est lui offrir un cadeau précieux : quand elle aura ses premières règles, elle ne sera pas prise au dépourvu. Elle n'aura pas honte. Elle saura que c'est normal, naturel, et qu'elle peut en parler librement.

Elle n'aura pas à porter le poids du silence et de la gêne que tant de femmes ont vécu avant elle.

Comment en parler concrètement ?

Commence simplement, cacher, mentir ou dramatiser

Cacher ou mentir aurait l’effet inverse : même sans s’en rendre compte, les enfants perçoivent quand on leur cache quelque chose ou quand on ne dit pas la vérité. Et, sur ce sujet, ils risqueraient alors d’associer le sang dans la culotte à de la honte ou de la peur.

Mais tu n'as pas besoin de faire un grand discours. La prochaine fois que tu as tes règles et que ton enfant te voit aux toilettes (parce que soyons réalistes, ça va arriver 😅), profites-en pour dire quelque chose comme : "Tu vois, j'ai mes règles. C'est du sang qui sort de mon corps, mais je ne suis pas blessée. C'est quelque chose qui arrive à toutes les femmes chaque mois."

Partage ce que tu ressens

Dis-leur comment tu te sens : "Aujourd'hui, j'ai un peu mal au ventre" ou "Je me sens plus fatiguée que d'habitude, j'ai besoin de me reposer un peu plus."

Ça leur apprend à nommer les sensations et à respecter les besoins de chacun.

Demande-leur comment ils peuvent t'aider

C'est la partie magique. Pose-leur la question : "Qu'est-ce que vous pourriez faire pour m'aider / me soutenir aujourd'hui ?"

Parfois, leurs réponses vont te surprendre. Parfois, ils ne sauront pas quoi dire. Mais le simple fait de poser la question les invite à réfléchir et à développer leur empathie.

Tu peux donner des exemples s'ils n'ont pas encore l'habitude de ce type d'exercice. Les exemples sont nombreux :

  • Trouver une activité qu'ils aiment / savent faire en autonomie

  • Ne pas courir / crier à l'intérieur de la maison

  • Écouter leur maman, plus que d'habitude

  • Se laver / s'habiller en autonomie

  • Faire un gâteau au chocolat avec maman sans en mettre partout

  • Respecter les moments où maman a besoin de se poser

Choisir une seule façon de te soutenir c'est déjà super, et cela même s'ils n'arrivent pas à le faire toute la journée. N'oublie pas de les féliciter de manière très expressive quand ils y pensent, quand ils y arrivent, c'est LA méthode qui fonctionne pour que ces comportements aient plus de chances de se reproduire.

Reste naturelle et régulière

Le secret, c'est la régularité. Chaque mois, presque sans y penser, tu en reparles. Ça devient une conversation normale, banale même. Et c'est exactement ce qu'on veut : que les menstruations soient perçues comme quelque chose d'ordinaire, pas comme un sujet honteux.

Et si tu es mal à l'aise avec tes propres règles ?

Je comprends. Beaucoup d'entre nous ont grandi avec des messages négatifs autour des menstruations. Peut-être que ta propre mère ne t'en parlait pas. Peut-être que tu as intégré cette gêne, cette idée qu'il faut cacher, ne pas en faire tout un plat.

Parler de tes règles à tes enfants, c'est aussi une façon de te libérer toi-même de ces croyances limitantes.

C'est un chemin vers plus de douceur avec ton propre corps. Vers plus d'acceptation de tes cycles, de tes fluctuations d'énergie, de tes besoins changeants.

En quelque sorte, tes enfants deviennent tes alliés dans cette réconciliation avec toi-même.

Un jour, tu auras une famille qui te soutient dans tes cycles

Imagine : dans quelques années, tu auras des enfants qui comprennent naturellement ce que tu vis. Qui ne te jugent pas quand tu as besoin de ralentir. Qui savent t'offrir du soutien sans que tu aies à supplier ou à t'expliquer.

Tu contribueras aussi à élever une génération plus consciente, plus à l'écoute de son corps, et débarrassée des messages toxiques qu'on nous a transmis pendant des décennies.

C'est un héritage magnifique à offrir.

Reprendre ta souveraineté, c'est aussi ça

Tu sais, quand je parle de souveraineté - dans le corps, dans la maternité, dans le rapport à l'argent -, c'est exactement de ça qu'il s'agit.

Reprendre le pouvoir sur ton propre récit. Refuser les injonctions silencieuses qui nous disent de nous cacher, de nous taire, de faire comme si tout allait bien en permanence.

Parler de tes règles à tes enfants, c'est un acte de rébellion douce. C'est dire : mon corps est normal, mes cycles sont légitimes, et je refuse de transmettre la honte.

Pour aller plus loin

Si tu es enceinte ou jeune maman et que tu veux préparer ton post-partum dans les meilleures conditions, je t'invite à découvrir mon accompagnement de doula. Je suis là pour t'aider à retrouver ta souveraineté - dans ton corps, dans ta maternité, et dans toutes les dimensions de ta vie de femme.

Parce que prendre soin de soi, se respecter, et transmettre des valeurs saines à nos enfants, ça commence par se sentir soutenue et comprise.

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